Mon rêve familier (Pyroli)

Au loin, à travers le corps et les yeux d'Astre de la Rébellion, on pourrait ressentir comme de l'affection et même beaucoup plus. Elle cherche à être protégée par un mâle tout comme elle cherche à le faire pour lui. Bizarrement, un mâle célèbre dans son clan se révèle dans un rêve. Oui, ce mâle. On ne va pas dire qu'il hantée ses rêves, non. Il fait le contraire. Sinon, on parlerait de cauchemar. Pour nous, ça pourrait l'être mais pour elle, c'est tout autre chose. Car nous ne sommes pas ce personnage qui cherche le regard du lieutenant chaque nuit. Nous ne sommes pas elle tout simplement. Elle le connait depuis très longtemps. Oh oui, vraiment très longtemps. Et depuis toujours, on sait qu'elle éprouve de l'affection envers lui. Mais est-ce réciproque ? Est-ce ce sont des vrais sentiments ? Vont-ils s'intensifier ? Astre de la Rébellion se pose beaucoup de questions. Seul l'avenir peut y répondre. Même le clan des Lumières ne peut rien dire. Elle doit attendre. Mais l'attente est trop longue à forcze.

Une silhouette fine et élancée court vers une autre écroulée au sol. La première le supplie de se réveiller. Une larme apparaît. Elle glisse le long de sa joue et tombe en éclaboussures sur le terrain sablonneux. Il y a des arbres toi aurut d'eux. Ils sont dans une clairière. Le vent souffle simplement et doucement faisant virevolter les feuilles tombées des arbres aussi bien que les poils que pelage de Astre de la Rébellion au dessus de Seigneur des Dragons. Elle pleure, elle souffre, elle a peur, elle est angoissée, elle ne sais plus quoi faire, elle tremble... Elle ne contrôle plus qson esprit qui pleure fort, très fort.

Soudain, la meneuse ouvre les yeux. Le mâle du rêve est a l'entrée de la tanière. Ses yeux brillents à travers la tanière. Elle pleurait vraiment. Elle se leva et s'étira largement. Le dos, le cou, les pattes, le corps. Enfin, elle le fait entrer poliment.

- Entre, Seigneurs des Dragons.

Elle aime prononcer ce nom. Et chaque fois qu'elle l'entend, elle le cherche su regard et fini par se tourner vers lui. Maintenant, elle est déjà face à lui. Elle se demande bien pourquoi il est là.

- Qui y-a-t-il ?

I saw you in my dream

You were white and dark, beautiful as a sunset and so terrible as the dawn.

Il est un songe merveilleux qui n'appartient qu'à une personne. Il s'agit là de son monde, d'un univers qu'il façonne au fil de ses envies, de ses aventures mais aussi de ses déceptions. Tout y est rangé comme dans une vitrine, chaque élément trouve sa place et pourtant le monde autour n'est jamais le même, découvert chaque jour un peu plus. Toutefois il est si connu qu'on peut s'y repérer aussi aisément que la veille.
Seigneur des Dragons avait lui-même son propre songe. Il était empli d'ambition, de grandeur et tout y était parfait. Ses cauchemars n'envahissaient pas ce lieu, pour la simple et bonne raison qu'il n'en faisait jamais et que tout ce à quoi il aspirait se réalisait chaque nuit dans son sommeil.

Cette nuit là, alors qu'il dormait profondément dans sa tanière perchée dans le grand arbre du camp, ses pas le portèrent dans une lande rougeoyante sous les couleurs du coucher de soleil. L'astre apportait ses derniers rayons qui ici étaient éternels. Jamais la nuit ne venait ternir ce rouge exquis qu'il aimait tant et qui semblait prendre vie tel un feu de forêt cependant inoffensif. Et le lieutenant se complaisait à fouler cette terre de ses pattes, ce monde où il était le roi incontesté. Personne ne se soulevait contre lui. Le gibier finissait toujours dans son ventre. Ah ! qu'est-ce qu'il aurait aimé être ainsi respecté dans la réalité. Certes, il avait fait du chemin depuis son statut d'apprenti médiocre moqué par tous les autres, mais ça n'était pas encore assez pour lui. Le jour viendrai où il serait le chef - bien qu'il ne souhaitait pas la mort d'Astre de la Rébellion - et où le Clan du Mystère régnerait sur tous les autres après les avoir écrasés sous sa botte. C'était là son ambition. C'était là le plaisir qu'il goûtait dès que ses rêves l'emportaient en ce paradis béni où aucune loi ne se trouvait au-dessus de lui.

Malheureusement, tout ayant une fin, il se réveilla alors que l'aube n'était pas encore là. Il se leva lentement, laissant entrevoir toute sa musculature, sa taille imposante et enfin, il ouvrit les yeux, découvrant un regard de braise rongé par l'ambition. Il s'élança au dehors et fit un petit tour dans l'ancien temple, observant le repos des novices et des guerriers, surveillant la respiration rauque des anciens et les expressions si douces des reines et de leurs chatons.
Deux espions vinrent lui faire leur rapport, lui annonçant que tout était très calme chez les autres, et qu'aucune famine ou épidémie n'avait l'air de décimer leurs adversaires. Ce n'était de toute façon pas le moment de lancer une attaque destructrices sur ces faiblards. Tout vient à point à qui sait attendre.
Le grand mâle attendit encore un long moment pour aller voir sa meneuse. Il ne voulait pas la déranger trop tôt, songeant qu'il était important qu'elle dorme un minimum. Qu'est un Clan sans un chef fort et en bonne santé ?
Il monta et ne fut pas vraiment étonné d'entendre une voix engourdie par la nuit répondre à son attente silencieuse. En entrant, il inclina la tête avec respect et fit mine de ne pas voir les yeux humides d'Astre de la Rébellion.

- Les espions sont venus faire leur rapport. Rien n'est à déclaré chez les autres. Tout est calme. Mais peut-être cela va-t-il s'arranger...

Il sourit, n'exprimant pas toutefois son désir de guerre prendre le dessus sur une expression qu'il voulait amicale.

- Nous devrions aller nous entraîner un peu. Cela fait longtemps que nous n'avons pas fait de telle petite séance matinale. Te souviens-tu le temps où les apprentis nous regardaient avec admiration ?

Alors il rit, d'un rire aimable et gentil. Ce temps lui manquait. Mais avec les lunes, ni l'un ni l'autre n'avait pu trouver une matinée pour ces entraînement quotidiens qu'ils avaient jadis. Seigneur des Dragons appréciait parfaire ses techniques avec la reine, tout en discutant de choses et d'autres. Elle ne le laissait pas indifférent et il l'avait toujours trouvé sympathique, à un tel point qu'il s'en était faite une amie fidèle.
Toujours souriant, il sortit après un demi-tour, intimant la meneuse à le suivre d'un léger mouvement de la queue. Le soleil se levait doucement, réchauffant le pelage des quelques chats levés de ses doux rayons matinaux.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.