« Tu n'as pas ta place ici ! » - Etoile de l'Alizé

Le brise matinale habituelle vient brosser mes poils et me réveille avec délicatesse, encore endormi j’entrouvre un œil et remarque que les rayons du soleil filtrent déjà au travers de la tanière des guerriers. Je me lève doucement de mouvement souple et ample avant de m'ébrouer pour ôter la poussière de mon épaisse pelisse. La douce lumière du soleil réchauffe ma fourrure en un instant. La dirigeante de mon clan est debout droite et fière sur la roche nous servant de promontoire.

Je sors du camp, le regard de ma meneuse pèse sur mes épaules le temps que je traverse la combe puis une fois dehors, son regard me lâche, un poids tombe de mes épaules. Je continue d'avancer puis je suis pris d'un désir de course folle. J'allonge mes foulées bientôt elles sont tellement longues que mes pattes effleurent le sol, sans vous mentir, je reconnais franchir la frontière du Clan du Tonnerre pourtant, je ne m'arrête pas, je ne compte pas m'arrêter.

Les foulées ralentissent, la déshydratation se fait sentir. Je m'approche d'une flaque sous un grand sycomore et commence à me désaltérer. Ma langue lape avec délicatesse la surface de l'eau qui ondule légèrement puis les ondes reviennent vers moi, je lève à peine les yeux et redresse légèrement la tête, une chatte se tient ici, devant moi avec tellement de magnificence que jamais je n'oublierais cette rencontre.

La femelle se tenant actuellement à côté de moi est de taille moyenne aux yeux bleus clairs. Ses poils mi-longs la rende impressionnante mais ses pattes fines et élancées font d'elle une chatte d'une parfaite corpulence. Sa pelisse tricolore se reflète dans la flaque, ce qui me permis de la repérer quelques instants plus tôt. Ses oreilles se plaquent contre son crâne et ses moustaches se plaquent contre ses joues. Avant qu'elle me crache :

- Que fais tu ici ?

Je me contente d'hausser les moustaches avant de m'asseoir en enroulant avec souplesse ma queue autour de mes pattes. En me tenant droit à côté d'elle je me rends compte que je suis plus grand qu'elle et presque tout aussi large. Ses yeux sont emplis de rage et sans aucun doute de surprise, elle se contente de poursuivre avec son ton autoritaire :

- Ton territoire ne te suffis pas ?

Je racle ma gorge avant de la regarder se mettre dans tous ses états alors que j'ai uniquement franchi la frontière pour venir boire un coup sous cet arbre et me mettre à l'ombre. Je préfèrerais être en hauteur sur une branche de cet arbre pour parler. D'un saut puissant grâce à la musculature de mes pattes arrières, je me hisse en haut d'une branche la regardant d'en haut avant de lui dire :

- Salutation, contrairement à vous je ne compte pas vous égorger. Je voulais uniquement venir me désaltérer ici je ne pensais pas vous poser de problème. Je ne voulais aucunement vous offenser.

J'incline légèrement la tête sur le côté avant de manquer de perdre l'équilibre lorsque ma queue se laisse basculer. Je reprends vite celui ci d'un balancement de queue avant d'approcher celle ci de mes pattes et de l'enrouler autour de la branche sur laquelle je me trouve, fixant toujours la femelle tricolore.